samedi 12 novembre 2011

Sur la route de Sa Pa


Samedi 12 nov.

Pour l'essentiel, mon voyage vers Sa Pa c'est bien déroulé. Le train nous a déposé à la gare de Lao Cai, juste à la frontière avec la Chine vers 5h30 du matin. Inutile de se demander comment rallier Sa Pa depuis là, les chauffeurs montent directement dans le train pour chercher des passagers dans leurs minibus, vantant l'immédiat départ de celui-ci au détriment de la navette des transports en commun, 1 heure plus tard. Evidemment,  pas question de partir avant que le minibus soit plein ! Ce qui nous a finalement fait partir 20 minutes avant la navette...hmm, bon passons. Comme d'habitude, on nous a déposé devant un hôtel qui n'était pas celui que nous désirions, " au cas où" il nous intéresserait... Les techniques de recrutement des touristes "faciles" sont universelles et varient peu d'un pays à l'autre.
Bref, j'ai fait la rencontre de Sabina, un autrichienne qui a passé 2 mois dans l'asie du sud-est et qui serait intéressée par un trek de 2 ou 3 jours, comme moi. On trouve notre hotel,  le "Pinocchio" où doivent nous rejoindre Fabien, mon pote français, Quel et Ruben, les deux espagnols. C'est le moment qu'a choisi le ciel de Sa Pa pour nous souhaiter une humide bienvenue avec une pluie digne de l'expression adaptée localement :" Il pleut comme buffle qui pisse!"
Manque de bols, nos amis se sont retrouvés dans un autre hôtel et c'est pour le repas de midi que l'on se retrouve devant le Pinocchio, dans un petit resto tenu par Eddy, un ancien buisnessman hollandais, reconverti dans le pain au gingembre (j'en reparlerai plus tard).
Après le repas, il est temps de s'occuper de ce trek et de chercher des pistes. Après avoir comparé les prix de celui de notre hôtel avec une guide en free lance (amie de la femme de Eddy), on opte pour la première solution.
Ainsi, le lendemain à 9h30,c'est le départ pour 3 jours de rando dans les paysages et les différentes ethnies de la région de Sa Pa.
Pour planter le décors notre guide à 21 ans, enceinte de 6 mois et se meut avec une aisance déconcertante dans les chemins boueux nous menant vers le torrent du centre de la vallée. Eh oui, la veille fut une journée sans soleil et avec beaucoup de pluie et la qualité des chemins s'en fait ressentir... à chaque nouveaux pas, c'est 1 kilos de plus sous les pieds... mais l'enjeux est de taille: les paysages de risières et de montagnes luxuriantes défilent sans cesse, nous valant quelques "It's amazing!" de Fabien.
Nous ne nous baladons pas seuls, notre petit groupe composé de Làm, notre guide, Sabina, Fabien et moi qui sommes escortés par une flopée de femme Hmong noirs, une des ethnies montagnardes, qui rentrent dans leur village à quelques heures de marche de Sa Pa. Notre joyeuse compagnie progresse lentement mais sûrement à travers les chemins pentus et boueux vers le premier village, synonyme de repas de midi. Même si le chemin descend, les efforts pour ne pas glisser sont bien là et cette concentration fait son effet vers midi : on a la dalle !
C'est là qu'on croise tous les touristes faisant la balade d'une journée et y'en a une floppee!
Le repas se compose d'un Pho Bun, une soupe de légumes avec des nouilles et du poulet, simple et efficace, le parfait repas des marcheurs !
Des que l'on sort de la baraque qui nous a servi de resto, nous sommes sollicités de toutes part pour acheter qui une taie d'oreiller, qui un bracelet, qui une ceinture ou encore une guimbarde traditionnelle. J'ai acheté après de dures négociations, une jolie écharpe pour Eva, mais il est difficile de leur faire comprendre que je ne peux pas acheter l'intégralité de leur stock, avec quoi je ne pourrai plus faire un pas tant mon sac serait lourd. Lors de ces moments on entend des "Buy to me!" à tout va, des "For your girlfriend!" à ne plus savoir qu'en faire et des "Cheaper, cheaper !" en quantité. Ce sont surtout les femmes sans sourcils de l'ethnie Red Zao, avec leur tissus rouge pétant sur la tête qui sont les plus tenaces. Ce qui signifient les plus lourdes en vocable jeune. Peu leur importe la distance à parcourir avec vous en vous tenant le bras, pourvu que vous lui achetiez ne serait-ce qu'un bracelet à 50 centimes... Sans oublier les femmes Hmong noires qui elles jouent sur la sympathie qu'elles vont susciter durant une partie du voyage qu'elles feront avec vous en vous aidant dans les passages difficiles en vous posant des questions et en vous souriant souvent... Elles ne manquent pas d'imagination, mais avec moi, c'est inutile. Je suis un roc, mes précédents voyages en Afrique me servent maintenant à dire "No, thank you!" Et à trouver des excuses les plus improbables qui soient en rentrant dans leur jeu. Mes réponses en ont fait d'ailleurs rires plus d'un, à commencer par Làm en qui je trouve un public attentif.
Notre journée se déroule bien entre risières en terrasse et point de vues imprenables sur la vallée. Le soir (vers 16h00) nous arrivons dans notre "homestay" ou notre logement chez l'habitant. Une maison simple, des lits avec un matelas épais de 10 cm et un repas traditionnel. Il ne m'en faut pas plus! Si, juste une bière pour caller le riz, le boeuf, les rouleaux de printemps faits maison, et le tofu sauce tomate. Un vrai festin ! Le soir, on a encore le temps de discuter et d'avancer dans nos diarys avant de plonger dans un sommeil bien mérité !
Le lendemain, les paysages sont assez similaires quoique toujours impressionnants auxquels viennent s'ajouter une dense mais magnifique forêt de bambou, des mantes religieuses mystifiantes et une chute d'eau spectaculaire. Cette dernière a eu un effet de succion sur les touristes qui se sont agglutinés sur les rochers environnants comme des mouches sur un papier collant... pardonnez ma comparaison, mais il y avait pas mal de vrai là-dedans.
Au fur et à mesure de notre progression, la vallée se fait plus large et notre ultime kilomètre se fait sur un chemin assez pentu en direction de Ban Ho, où nous devons passer la nuit. Nous devrons prendre le même chemin le lendemain pour retrouver le minidus de retour sur Sa Pa.
A Ban Ho, notre homestay accueil déjà Jens et Maria, un couple hispano-germain (je vous laisse deviner qui vient de où) vivant en Belgique. Lui, peintre et designer de jeans, elle reponsable de projets en marketing, y a pas plus typique ...
Nous rejoignent encore un groupe composé de 3 allemands dont Christina a qui le destin a joué un sacré tour. En effet elle nous racontera plus tard ( je ne sais plus comment c'est arrivé dans la discussion) qu'elle était sur une plage thaïlandaise quand le tsunami est arrivé et qu'elle avait perdu un ami dans le chaos que ce dernier avait provoqué. J'ai lu pas mal de trucs sur le sujet, mais quand quelqu'un comme elle vous raconte la réalité de terrain, je vous jure que ça vous secoue un grand coup...
La soirée défile en discussions avec Jens et Maria à coup de Rice Wine, ce petit alcool fait maison servi dans des verres à shots. Ce couple est vraiment sympa et l'on sent toutes les différences entre les gens du sud et ceux du nord. Alors que Jens est posé, parle peu mais bien, Maria  pousse toujours pour le verre d'après, toujours souriante et prête pour déconner.
Le lendemain matin, nous nous dirigeons vers un petit village de montagne avec pour seul accès un chemin bétonné dont les pentes feraient pâlir le meilleur des maillots à pois du tour de France.
Il s'agira d'un village semblable aux précédents, le charme de l'isolation et du cadre en plus.
Nous nous dirigeons ensuite vers notre homestay de la veille pour le repas de midi, non sans avoir fait un crochet par un magnifique chute d'eau. Les bassins naturels qui la succèdent offrent un magnifique spot de baignade malgré la basse température de l'eau.
Notre troisième repas de midi se compose de l'immanquable Pho aux légumes cette fois et de poires en dessert... comme les trois dernières fois. Mais que c'est bon !
Le chemin du retour est en montée,  ardue, mais nous arrivons vite au minibus et à Sa Pa, où une bonne douche nous attend au Pinocchio Hôtel.
Le soir, malgré de bonnes recherches, nous ne trouvons pas un bon coin pour manger du porc-épic. Nous nous consolerons avec un "HotPot", une sorte de fondue avec des légumes, de la viande, du tofu et des nouilles. On a mangé un festin dans un plat prévu initalement pour 2 personnes, c'est dire la quantités de bouffe qu'il y avait ! Ainsi, nous clorons ces 3 jours de balade à travers les alpes tonkinoises, une bière Lao Cai en main.
Aujourd'hui, nous avons goûté au fameux ginger bread de Eddy, et je dois dire que c'est excellent. Il n'a pas voulu nous donner la recette qui restera un secret familial, nous a-t-il dit.
Sinon, le programme principal consiste à mettre à jour mon blog et mettre de nouvelles photos online... Sauf que tout Sa Pa s'est arrêtée... plus de klaxon, plus de cris... il n'y a plus d'électricité,  plus de WiFi... Il est temps de songer au repas de midi !
Demain nous partons pour Dien Bien Phu, et puis nous poursuivrons sur le Laos, direction Hong Khiaw !

Lundi 7 nov.

J'ai eu le bonheur de passer 2 jours à Nim Binh, à 93 kilomètres au sud de Hanoi. Cette petite ville construite autour de l'axe formé par la route Hang Dao vaut vraiement le détour, on retrouve ici le Vietnam rural et encore emprunt de traditions. Et pour s'en rend compte, rien de mieux que louer un vélo et se balader en quittant bien vite ce "highway to hell" qu'est la rue principale. Les alentours de Nim Binh sont constitués de rizières, de villages et de champs. Le site le plus important du coin est sans conteste Tam Coc, dit "la baie d'Halong terrestre". Effectivement, la imilitude est stupéfiante, bien que Tam Coc ne s'étende que sur 6 km, c'est un paradis perdu. Lorsque l'on monte sur la barque, passé les 200 premiers mètres, on se croirait dans "The Lost World"... et je n'exagère pas ! C'est vraiment incroyable !
Je suis donc assis dans une barque dans laquelle la rameuse (une femme d'une cinquantaine d'années) a bien du mal nous faire avancer ! Elle me demande donc de prendre une troisième rame afin d'accélérer notre cadence.
Durant ces deux heures, monts aux pentes escarpées, grottes karstiques et pêcheurs affairés se succèdent comme dans un film, c'est impressionant !
L'idylle prend fin lorsque qu'à l'issue de l'itinéraire une horde de barques nous a accosté pour nous proposer boissons, fruits et fleurs de nénuphars. On m'a quasiment obligé à offrir une boisson à ma rameuse ! Pour ma part, je me suis contenté d'une banane... mais le calvaire n'a pas pris fin pour autant. Sur le chemin du retour, ma rameuse m'a trahi en me de deballant tour à tour des broderies, des nappes, des t-shirts brodés aux motifs locaux... j'ai eu beaucoup de peine à freiner ses "it is beautifull, take it" ou ses "for my family, please !" En lui disant que mon sac-à-dos n'était pas comme mon estomac (sans fond) et et qui se je le chargeai trop, je ne pourrai plus le porter.
Après moultes prouesses faciales et dialectiques (en anglais bien sûr) pour lui faire comprendre mon refus d'acheter quoi que ce soit, nous avons pris le chemin du retour, pagaies à la main.
Une fois au port, je reprend mon vélo, car oui, j'ai fait 8 kilomètres pour venir de Nim Binh à Tam Coc sur une bécane à une vitesse qui déraille tous les 300 mètres, sympas je vous dis.
La suite, c'est Mua Cave, à 2 kil de là, sur le chemin du retour. Après les 10 kilomètres de vélos, les 12 kilomètres de pagaie, me voici devant un escalier de 400 marches... je vais m'inscrire au prochain "Iron Man" de Genève à mon retour.
Mais la vue en vaut le nombre de marches : c'est simplement ce que j'ai vu de plus beau jusqu'à présent ! Les photos parleront pour moi car cette athmosphère est difficilement transmissible, il faut y avoir été pour comprendre, c'est unique.
De retour à mon hôtel vers 16h, la suite de ma journée sera dévolue à la mise à jour de mon blog, que vous avez apprécié j'espère.
Le lendemain, je me balade au gré des rues de Nim Binh, attendant patiemment 14h pour prendre mon bus vers Hanoi. J'en ai profité pour dessiner un peu et regarder le trafic incessant sur l'avenue principale.
J'en ai aussi profite pour me faire masser dans un hôtel 2 étoiles. Pour 10 dollars, j'ai droit à 60 minutes de massage. Au programme, hammam, bain et massage thaï. On a beau le savoir à l'avance, se retrouver nu devant une inconnue est toujours intimidant. Mais bien vite on se dit que cela reste dans un cadre professionnel, même si on ne peut jamais le vérifier jusqu'à ce qu'on nous propose un "extra massage". C'était vraiment bien de se faire dorloter, parce que simplement le fait de toucher une autre peau vous fait tout drôle à ce stade, car la dernière peau que j'ai touchée est celle d'Eva, une semaine avant. Donc tout se passe bien, le massage thaï est divin, même si je semble donner du fil à retordre à cette jolie fille qui doit faire la moitié de mon poids. Le moment venu, je décline poliment (malgré son insistance) son "extra massage", voulant préserver mon corps caverneux jusqu'au 29 décembre. Avant de partir, elle ne manquera pas de me faire la moue pour que je lui donne un généreux pourboire... Serait ce une sorte vengeance ? Je ne le saurai sûrement jamais.
Le retour en bus sur Hanoi se passe de commentaires, si ce n'est qu'il a commencé à pleuvoir comme jamais et que mon sac dans la coffre a pris la boue, mais je positive en me voyant déjà sur les hautes montagnes de Sapa, une bière à la main. En effet je dois retourner à mon hôtel pour prendre mon ticket de train pour ladite destination. Là bas je retrouve mon ami français et les 2 espagnols qui l'accompagnent. Eux aussi partent pour Sapa, mais en bus. On se retrouvera demain sur place pour trouver un hôtel. Il est même possible que l'on fasse un peu plus de route ensemble si mon ami le français décide de passer par le Laos plutôt que de descendre dans le sud du Vietnam, je suis quasiment sûr de le convaincre. Pour plus d'arguements, je demanderai à Nicole C. de m'envoyer ses conseils pour le Laos !
J'écris actuellement dans le train, dans un wagon  où les couchettes son trop courtes pour moi, accompagné de 3 locaux qui m'ont pris en affection, ils partagent avec moi leur musique !
Maintenant, si je retrouve le satané ingénieur qui a créé les hautsparleurs sur les téléphones, je lui fait bouffer celui qui est à côté de moi et qui crache depuis plus d'une demi-heure maintenant des chansons à l'eau de rose en viet'... je n'ose pas m'en prendre à son pocesseur car on sera dans la même piaule pour les 9 heures à venir et ça peut devenir très lourd...

A bient'

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